LES LIGNES DE LA CITADELLE - La Fabrique Grand Est - 2021
Résidence d’artiste de Carole Nieder au sein de la Citadelle de MontmédyLA FABRIQUE :
« La Fabrique Grand Est » est un dispositif qui s’adresse aux artistes et professionnels de la culture issus des écoles d’enseignements supérieures. Ces résidences sont portées par les Ministères de la Culture et de l’Éducation, la DRAC Grand Est, les trois académies, les départements de la région et coordonnées par l’association Caranusca. Les partenaires engagés dans la résidence de Carole Nieder sont l’académie Nancy-Metz, le PETR du Pays de Verdun, la Communauté de Communes du Pays de Montmédy, la Ville de Montmédy, la cité scolaire Alfred Kastler de Stenay et l’école Georges Brassens de Montmédy.
« La Fabrique » permet aux artistes sélectionnés d’être soutenus pour un temps de recherche, d’expérimentation et de création de plusieurs mois. Les projets comportent un volet de transmission auprès d’élèves du territoires les plus éloignés de l’offre culturelle (zones rurales et périurbaines). L’articulation et la porosité entre acte de création, partage et transmission sont au coeur du programme. Le temps de transmission doit permettre aux élèves de s’approprier le projet et de comprendre ainsi les moteurs de la création artistique (voir les projets « le fossé des remparts » et « les trois murs »). Ces résidences conduisent à une présentation d’un état du travail, finalisé ou non, produit par l’artiste (voir le projet « les lignes de la citadelle - exposition »).
MONTMEDY ET SA CITADELLE :
Ma résidence artistique s’est déroulée en Lorraine Gaumaise, dans la commune de Montmédy. Celle-ci est située dans le nord meusien en Zone de Revitalisation Rurale (ZRR) et compte 2180 habitants. La proximité avec la Belgique, le Luxembourg l’Allemagne et les Pays-bas donne à ce village transfrontalier une dimension européenne et pluriculturelle. La démocratisation artistique et culturelle est un réel enjeu à l’échelle du territoire notamment au sein de la Communauté de Commune de Montmédy et plus largement du Grand Pays de Verdun.
Montmédy est composée d’une « ville basse » qui se développe le long de la Chiers, rivière franco-belgo-luxembourgeoise et d’une « ville haute » de 80 habitants, positionnée en haut d’une colline. La ville haute a la particularité de s’inscrire dans une place fortifiée communément appelée « Citadelle ». Ce site patrimonial exceptionnel inscrit aux Monuments Historiques, surplombe la ville et la campagne environnante. Visible de loin, la silhouette de la Citadelle de Montmédy est également reconnaissable par les deux clochers de l’église Saint-Martin qui dominent l’ensemble. Ce site à la fois graphique et chargé d’histoire constitue une véritable source d’inspiration. C’est un lieu hors du temps.
Les différentes étapes (ou strates) de construction (et de destruction) de la Citadelle de Montmédy sont lisibles dans son architecture militaire. Ses grands murs noirs sont comme des pans d’histoire qui se font face. L’ensemble a été construit sur les vestiges d’un château médiéval datant du XIIIe siècle. On note une première couronne de remparts érigée sous Charles Quint lorsque Montmédy appartenait aux Pays-Bas espagnols. Suite au siège de la ville en 1657, Louis XIV commande pour le site devenu français, une seconde ligne de remparts imaginée par Vauban. Au XIXe siècle, l’ingénieur militaire Séré de Rivières apporte d’autres modifications au site en aménageant notamment de nombreuses casemates pour les soldats. Ces espaces permettent aujourd’hui d’accueillir des ateliers. Plusieurs artistes et artisans de différentes nationalités (française, belge, russe, colombienne,..) travaillent actuellement dans cette enceinte fortifiée. Dans le cadre de « La Fabrique Grand Est » la ville a mis à ma disposition un grande casemate et m’a permis un accès privilégié aux différents espaces de la citadelle : remparts, fossés, galeries,..
PROCESSUS DE RECHERCHE ET DE CREATION :
Mon objectif lors de ma présence sur le territoire était d’approfondir et de partager mon travail de recherche et de création autour de la notion de l’empreinte et des rapports entre corps et espace à travers l’étude de la place forte de Montmédy.
Pour chacun de mes projets artistiques je puise mon inspiration dans le lieu d’intervention et son contexte. J’utilise mes outils d’architecte pour concevoir et applique la méthodologie suivante à mon processus créatif : analyse de site (croquis in situ, recherches historiques, relevés, réalisation de plans), choix d’un axe de recherche/création (celui-ci doit naître de la première étape), expérimentation (écriture, recherches graphiques, installations et peintures sur grands formats sur site et en atelier), concrétisation d’une oeuvre en lien avec le site de projet (mêlant installation, performance et peinture sur grand format), établissement d’une exposition en lien avec le processus de création du projet et présentation publique de celui-ci (lors du vernissage).
Pour le projet de la Citadelle de Montmédy, il s’agissait dans un premier temps de comprendre le lieu : j’ai passé un mois et demi à arpenter les remparts de la Citadelle, à étudier sa topographie, son histoire, les étapes de sa construction, son fonctionnement, sa composition, son implantation, son rapport au paysage,… Tous les jours j’ai observé, dessiné, relevé, les espaces de la Citadelle, ses murs de pierres noires, ses galeries, ses passages, les cadrages et vues qu’elle offre sur son environnement,… Plusieurs éléments m’ont marqués : son plan très graphique en étoile, ses lignes épurées et tranchantes dans le paysage et ses deux murs de remparts de deux époques différentes qui se font face de part et d’autre du fossé.
L’objectif ensuite était de retranscrire mon interprétation du site à travers la réalisation d'oeuvres graphiques en trois dimensions. Je me suis inspirée des deux lignes de forces noires qui composent le plan de la forteresse (les remparts Charles Quint et Vauban qui sont pour moi « les lignes de la Citadelle »), pour peindre. Le travail en immersion m’était nécessaire pour instaurer un dialogue avec les éléments qui façonnent le lieu. J’ai positionné mes grandes structures cubiques en métal dans le fossé des remparts afin de délimiter mes espaces de création et cadrer le paysage. Ces grands chevalets en trois dimensions me permettent un engagement total de mon corps dans la création. La légèreté des structures me donne également la possibilité de basculer ces cubes dans l’espace afin de positionner les toiles sur les côtés, au sol et au plafond, changeant ainsi la perspective et le point de vue sur l’oeuvre en cours de création.
Le résultat de ces trois mois de travail a fait l’objet d’une exposition intitulée « Les lignes de la Citadelle » présentée dans l’église Saint-Martin et accompagnée d’une performance artistique lors du vernissage (voir les projets « Les lignes de la Citadelle - exposition » et « performance »).
Film « Les lignes de la Citadelle »
Production : PETR du pays de Verdun
Production exécutive : APTMvidéo Montmédy
Réalisation : Christian Klein
Images : Bertrand Debeuret / Guillaume Klein
Commanditaires du projet : DRAC Grand Est, Ministères de la culture et de l’éducation,
Dispositif : Résidence d’artiste « La Fabrique Grand Est ».
Partenaires : Direction Régionale des Affaires Culturelles du Grand Est, les ministères de la culture et de l’éducation, l'Académie de Nancy-metz, le Conseil Départemental de la Meuse, le PETR du Pays de Verdun, la Communauté de Communes du Pays de Montmédy, la commune de Montmédy, la cité scolaire Alfred Kastler de Stenay et l'association Caranusca.
Photographies : Marc Hess, Lorraine Caillas (PETR), Bernard Huk et Michel Handschumacher.
Vidéos : APTMvidéo Montmédy